Le système politique en Israël : démocratie, institutions et enjeux
Israël est une démocratie parlementaire unique au Moyen-Orient. Depuis sa création en 1948, l’État d’Israël a su établir un système politique fondé sur la séparation des pouvoirs, le pluralisme, la liberté d’expression et la tenue régulière d’élections libres. Cependant, son paysage politique est également marqué par une instabilité chronique, des coalitions fragiles et des enjeux géopolitiques complexes.
Une démocratie parlementaire sans Constitution
Israël ne possède pas de constitution formelle, mais fonctionne sur la base de lois fondamentales votées par la Knesset (le parlement israélien). Ces lois régissent les institutions, les droits fondamentaux et les rapports entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Ce système, en évolution constante, constitue la colonne vertébrale juridique et politique du pays.
Israël se définit comme un État juif et démocratique, un équilibre parfois difficile à maintenir en raison de tensions identitaires, religieuses et politiques internes.
La Knesset : le cœur du pouvoir législatif
Le parlement israélien, appelé la Knesset, est composé de 120 députés élus au suffrage universel direct tous les quatre ans (sauf dissolution anticipée). Le scrutin est proportionnel, sans seuil régional, ce qui favorise la représentativité mais engendre une forte fragmentation politique.
Les lois, les budgets, les motions de censure et les nominations du Premier ministre y sont débattus et votés. La Knesset joue un rôle central dans le fonctionnement démocratique israélien, bien que son efficacité soit parfois entravée par les conflits idéologiques entre partis.
Le pouvoir exécutif : Premier ministre et gouvernement
Le Premier ministre est le chef du gouvernement et détient l’essentiel du pouvoir exécutif. Il est généralement le leader du parti ayant formé une majorité à la Knesset, soit seul, soit via une coalition. Il nomme les ministres et définit la politique nationale et internationale.
Le président de l’État d’Israël, élu pour 7 ans par la Knesset, a un rôle principalement symbolique et protocolaire. Il nomme officiellement le Premier ministre, promulgue les lois et incarne l’unité nationale.
Le système judiciaire et la Cour suprême
Israël possède un pouvoir judiciaire indépendant. La Cour suprême joue un rôle fondamental dans la défense des droits de l’homme et le contrôle de constitutionnalité des lois. Elle peut annuler des décisions gouvernementales ou des lois qu’elle juge contraires aux lois fondamentales.
Cette instance est au cœur de débats actuels sur la réforme judiciaire, certains partis souhaitant réduire ses prérogatives au profit du pouvoir législatif.
Un paysage politique fragmenté et mouvant
La scène politique israélienne est extrêmement fragmentée. On y retrouve des partis de droite, de gauche, du centre, religieux, laïcs, arabes ou nationalistes. Aucun parti n’a jamais obtenu la majorité absolue à la Knesset, rendant les coalitions indispensables mais souvent instables.
Parmi les principaux partis figurent :
- Likoud : droite nationaliste, dirigé par Benjamin Netanyahou
- Yesh Atid : centriste, dirigé par Yair Lapid
- Shas et Judaïsme unifié de la Torah : partis ultra-orthodoxes
- Partis arabes : comme Ra’am ou la Liste unifiée
- Partis travailliste et Meretz : historiquement de gauche, aujourd’hui affaiblis
Des élections fréquentes et une instabilité chronique
Depuis 2019, Israël a connu cinq élections en moins de quatre ans. Cette instabilité est due aux profondes divisions politiques et à l’impossibilité de former des majorités stables. Le système proportionnel favorise l’émergence de petits partis pouvant faire ou défaire les coalitions, ce qui rend la gouvernance difficile.
La figure de Benjamin Netanyahou domine depuis plus de deux décennies, malgré des controverses et des poursuites judiciaires pour corruption.
La place des citoyens arabes dans la vie politique
Environ 20 % de la population israélienne est arabe. Les citoyens arabes ont le droit de vote et peuvent siéger à la Knesset. Des partis spécifiquement arabes représentent leurs intérêts, bien qu’ils soient rarement intégrés aux coalitions gouvernementales.
La participation politique des Arabes israéliens est un sujet sensible et stratégique, car elle reflète la tension entre l’identité juive de l’État et son engagement envers la démocratie.
Les relations entre religion et politique
Israël n’a pas de séparation stricte entre religion et État. Le judaïsme orthodoxe est reconnu officiellement, ce qui confère aux institutions religieuses un pouvoir important sur la vie personnelle (mariage, conversion, divorce).
Les partis religieux exercent souvent une influence significative sur les coalitions, ce qui entraîne des tensions avec les partis laïcs et les citoyens non pratiquants.
Enjeux géopolitiques et sécurité
La politique israélienne est fortement influencée par les questions de sécurité, notamment les conflits avec les Palestiniens, la menace iranienne, et les relations régionales. Les questions de colonisation, de frontières et d’accords de paix sont au cœur des campagnes électorales.
La diplomatie israélienne a récemment connu un tournant avec les Accords d’Abraham, normalisant les relations avec plusieurs pays arabes comme les Émirats arabes unis, Bahreïn ou le Maroc.
Conclusion
Le système politique israélien est un modèle de démocratie en pleine effervescence dans une région instable. Sa vitalité, sa diversité partisane et la liberté d’expression en font une démocratie dynamique mais parfois difficile à gouverner. Entre tensions internes, défis identitaires et menaces extérieures, Israël continue d’ajuster ses institutions pour répondre aux exigences de son époque tout en préservant ses fondements démocratiques.