Langues parlées en Israël : diversité linguistique et cohabitation culturelle
Israël est un pays jeune, mais au riche héritage historique et culturel. Sa population est issue de vagues d’immigration provenant des quatre coins du monde, ce qui a façonné une diversité linguistique unique. Si l’hébreu est la langue prédominante, d’autres langues comme l’arabe, l’anglais, le russe, l’amharique et le yiddish jouent également un rôle important dans la vie quotidienne du pays. Ce paysage multilingue reflète la complexité et la richesse culturelle d’Israël.
Hébreu : la langue officielle de l’État d’Israël
L’hébreu moderne (Ivrit) est la langue principale parlée en Israël. Il est non seulement la langue officielle de l’État, mais aussi la langue de l’administration, de l’éducation, des médias et de la majorité des foyers juifs israéliens. Sa renaissance au XXe siècle est l’un des événements linguistiques les plus remarquables de l’histoire moderne.
Langue biblique et liturgique pendant des siècles, l’hébreu n’était plus parlé comme langue maternelle avant le retour du peuple juif en Terre d’Israël. Le travail de Eliezer Ben-Yehuda, considéré comme le père de l’hébreu moderne, a permis sa réactivation en tant que langue vivante dès la fin du XIXe siècle.
Aujourd’hui, tous les Israéliens apprennent l’hébreu à l’école, et les nouveaux immigrants bénéficient de cours appelés oulpan pour s’intégrer linguistiquement.
Arabe : une langue reconnue et largement parlée
Bien que l’hébreu soit la langue officielle, l’arabe occupe également une place importante en Israël. Environ 20 % de la population israélienne est arabe (musulmans, chrétiens et druzes), et parle l’arabe comme langue maternelle. Jusqu’en 2018, l’arabe était une langue officielle au même titre que l’hébreu. Depuis l’adoption de la Loi fondamentale de l’État-nation, il est reconnu comme langue ayant un « statut spécial », sans que cela affecte son usage courant.
Les services publics, les panneaux routiers, les documents administratifs, ainsi que certains programmes scolaires et universitaires sont accessibles en arabe, surtout dans les régions où la population arabe est majoritaire.
Anglais : langue internationale et outil d’intégration
L’anglais est largement utilisé en Israël, même s’il n’a pas de statut officiel. Hérité du mandat britannique (1917-1948), il reste enseigné à l’école dès le primaire, et de nombreux Israéliens le parlent couramment. L’anglais est la langue dominante dans les affaires, la technologie, la recherche scientifique et la diplomatie.
La majorité des sites internet, des universités, des panneaux informatifs et des publications académiques en Israël sont disponibles en anglais, ce qui en fait une langue essentielle, notamment à Tel Aviv et dans les secteurs high-tech.
Le russe : une langue influente dans la société israélienne
Plus d’un million de juifs russophones ont immigré en Israël depuis l’effondrement de l’Union soviétique dans les années 1990. Cette vague d’immigration massive a renforcé la présence du russe dans la société israélienne.
On retrouve des journaux, des chaînes de télévision, des stations de radio et des services publics proposés en russe. Dans certaines villes comme Ashdod ou Haïfa, il est courant d’entendre parler russe dans la rue. Pour une partie de cette population, le russe est encore la langue principale utilisée à la maison.
Amharique et tigrigna : langues des juifs éthiopiens
Les communautés juives originaires d’Éthiopie parlent l’amharique ou le tigrigna. Bien qu’ils apprennent rapidement l’hébreu grâce à des programmes de soutien linguistique, beaucoup d’entre eux conservent leur langue natale à la maison et dans les communautés.
Le gouvernement israélien a mis en place des ressources spécifiques (cours, traductions, informations officielles) pour faciliter leur intégration sans pour autant négliger leur patrimoine linguistique et culturel.
Le yiddish : une langue de mémoire et d’identité
Langue traditionnelle des juifs ashkénazes d’Europe de l’Est, le yiddish a longtemps été parlé dans les foyers des premières générations d’immigrés. Aujourd’hui, il est surtout utilisé dans certaines communautés ultra-orthodoxes comme à Mea Shearim à Jérusalem ou à Bnei Brak.
Le yiddish est également enseigné à l’université et promu comme langue patrimoniale. Des festivals, pièces de théâtre, publications et projets culturels permettent de préserver cette langue riche et expressive.
Autres langues présentes en Israël
En raison de son histoire migratoire, Israël est aussi le foyer de nombreuses autres langues :
- Français : parlé par les juifs originaires de France, d’Afrique du Nord ou de Belgique.
- Espagnol et ladino : utilisé dans certaines familles séfarades.
- Persan (farsi) : parlé par des Israéliens d’origine iranienne.
- Allemand : moins courant aujourd’hui, mais présent dans la mémoire collective.
- Langues asiatiques : comme le chinois ou le thaï, parfois parlées par des travailleurs étrangers ou conjoints de citoyens israéliens.
La cohabitation linguistique en Israël : un modèle unique
Israël est un cas exceptionnel où cohabitent plus d’une douzaine de langues dans l’espace public et privé. Le gouvernement favorise l’apprentissage de l’hébreu tout en respectant les droits linguistiques des minorités.
Le multilinguisme est aussi un atout stratégique. Dans les relations diplomatiques, dans l’espionnage, dans la high-tech ou dans l’enseignement, la diversité linguistique permet une ouverture internationale incomparable.
Conclusion
Les langues parlées en Israël reflètent l’histoire, l’identité et la pluralité de sa population. De l’hébreu biblique à l’arabe local, du russe post-soviétique au yiddish ancestral, le paysage linguistique israélien est une mosaïque vivante. Cette richesse contribue non seulement à l’identité du pays, mais aussi à sa capacité à s’adapter, à innover et à dialoguer avec le monde.